Tajine de poulet
Mkaddam souiri
Décoré de motifs vernissés et coiffé de son haut chapeau conique, le tajine de poulet mkaddam souiri est déposé au milieu de la table, sous le regard alléché des convives.
C’est une spécialité provenant de la ville de Souira, station balnéaire toute proche d’Agadir.
L’originalité de ce plat réside dans la brouillade d’œufs au persil, que l’on verse sur le poulet mijoté dans une sauce brune. On referme ensuite le chapeau du tajine et l’on remet à cuire 10 min, jusqu’à ce que le gratin soit pris.
Ces opérations permettent de purifier une nouvelle fois la viande, peut-être souillée depuis qu’elle a été égorgée selon le rite islamique.
طاجين
- Polysémique, le mot
tajine ou tagine, désigne :
La cuisson se
fait traditionnellement sur un réchaud ou un braséro "kanoune",
en terre cuite également, composé d'une coupe percée
d'évents sur le pourtour, destinée à recevoir le bois pour
les braises. La cuisson se fait également, et ce très
couramment, sur le gaz voire sur une plaque électrique,
parfois en utilisant un diffuseur.
• D'autre part, une
préparation culinaire cuite dans cet ustensile, sorte de
ragoût cuit à l'étouffée, qui peut être composé de viande,
de volaille ou de poisson, de légumes, voire de fruits...
Conseils :
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Généralement, le poulet marocain “beldi” qui est élevé dans les fermes possède une chair un peu rougeâtre et dure. Sa cuisson est plus longue que celle des volailles industrielles.
Dans cette recette, le poulet est entièrement désossé puis détaillé en morceaux.
Ce sont les filets et la chair des cuisses qui cuiront en sauce dans le tajine. On laisse la peau sur la viande afin d’accentuer la couleur rouge-brun de la sauce.
Plusieurs méthodes de cuisson sont envisageables selon le matériel dont on dispose. Après un long “mijotage” en cocotte, nous avons versé le poulet et la brouillade d’œufs dans un tajine afin d'achever la cuisson.
Cependant, beaucoup de marocains préfèrent réaliser toute la recette dans un grand plat à tajine, qu’ils présentent ensuite directement sur la table.
À défaut, marmite et plat à gratin remplaceront aisément ces ustensiles...
Ingrédients pour 8 convives
2 Poulets
250 g d’oignons
1 Botte de persil
1 Botte de coriandre
1 Gousse d’ail
1 Pincée de gingembre en poudre
3 Bâtons de cannelle
1 Pincée de pistils de safran
4 Œufs
1 Pincée de colorant safran
1 Citron frais
1 Filet de vinaigre blanc
Sel
Indications de préparation
Frotter les 2 poulets avec du vinaigre et du sel pour bien les nettoyer, puis Les fariner.
Les fendre sur le ventre, de chaque côté du bréchet et passer le couteau le long de la carcasse afin de dégager filets et cuisses.
Détailler le haut en plus petits morceaux.
Éplucher l’ail et les oignons. Les hacher ainsi que le persil et la coriandre.
Chauffer de l’huile d’olive au fond la cocotte.
Verser les oignons dans l’huile bien chaude, les laisser fondre puis ajouter les morceaux de poulets
Parsemer les morceaux de poulets avec la coriandre, les 3/4 du persil, du sel, du poivre et de l’ail.
Ajouter sur les poulets gingembre, colorant safran, pistils de safran, bâtons de cannelle et jus de citron.
Mélanger à la spatule.
Couvrir. Laisser cuire 40 min.
Battre les œufs dans une terrine.
Ajouter du persil haché restant. Mélanger.
Disposer les poulets dons un plat à tajine.
Napper de la préparation aux œufs.
Couvrir et faire cuire 10 min.
Servir bien chaud, dans le plat de cuisson.
La cuisine marocaine est souvent
méconnue, voire sous-estimée. Elle se distingue pourtant par
une grande diversité de plats tels que : couscous, tajines,
pastilla , méchoui, pour les plus connus, mais aussi
d'autres plats souvent connus des seuls Marocains, mais tout
aussi succulents : le tajine mrouzia, la tangia merrakchie,
la harira (soupe de rupture du jeûne du ramadan), le baddaz,
la seffa...
L'originalité et la richesse de la cuisine marocaine
tiennent à la multitude d'influences qu'elle a assimilée :
la cuisine arabe, berbère pour le couscous notamment, la
cuisine mauresque pour les ragouts et autres tajines.
On note également une influence des cuisines d'Afrique
subsaharienne, juive et de quelques autres...
Toutes ces influences en ont fait une cuisine riche et
variée, aux gouts très divers.
Tajine creative à l'infini selon, l'inspiration, la saison, l'occasion, le budget ...
Épices:
gingembre, curry, piment, cannelle, muscade... |
1 pistil = 3 stigmates ou
filaments
Dosage : |
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Le crocus qui produit le safran, est originaire d’Asie Mineure. Il fut introduit en Europe par les Phocéens, puis à nouveau par les Arabes comme l’atteste son nom ''d’assfar'', devenu ''sahafaran'' puis safran.
Il s’implanta en Espagne et en Avignon, pour gagner le Quercy, le Vaucluse, l’Angoumois, l’Albigeois, le Gâtinais et même les Pays-Bas. Aujourd’hui, en France, les safranières ont pratiquement disparu, alors qu’elles s’étendaient autrefois sur 12 000 ha. Le safran est désormais importé du bassin méditerranéen (celui de la Mancha, en Espagne, est le plus prisé), et d’Amérique du Sud.
La cannelle, considérée comme un médicament, devenue aujourd'hui
épice, provient d’un arbuste exotique, cousin du laurier-sauce.
2 variétés, celle de Ceylan (cultivée aussi aux Seychelles), claire,
et celle de Chine, foncée, prédominent.
La récolte est bi
annuelle: l’écorce des canneliers est raclée puis découpée en fines
lanières d’1 mètre de long qui, une fois roulées en tuyaux, sont
séchées au soleil. Au fur et à mesure qu'elles se dessèchent, les
écorces s'enroulent sur elles-mêmes et se présentent sous forme de
tuyaux...
“
La finesse de son arôme et le piquant de son goût rehaussent aussi
bien la cuisine salée que la pâtisserie. Il parfume vin, bière, thé
et ginger ale.
Mouliné, il est indispensable au “4 épices” et remplace avec bonheur
le sel pour assaisonner grillades, poissons et salades vertes...