Tajine
de lotte à l'huile d'argan
Poisson réservé aux repas de cérémonie, la lotte marocaine est
capturée aussi bien en Méditerranée que sur la côte Atlantique.
Elle
est ramenée en petite quantité par des navires industriels qui vont
la pêcher dans les grands fonds. Contrairement à leur collègues
européens, les poissonniers marocains la commercialisent avec la
tête, énorme et disproportionnée par rapport au corps. Mais l’on
peut aussi trouver dans le commerce des queues de lotte ou des
filets conditionnés sur les bateaux.
Pourvue d’une grosse arête centrale facile à enlever, chaque lotte
vous donnera 2 gros filets, que l'on recoupera ensuite en
médaillons.
Même longuement mijotée, leur chair blanche et ferme apporte
toujours une belle présentation au plat.
C’est pourquoi les
cuisiniers marocains aiment élaborer toutes sortes de plats à base
de lotte : couscous, tajines aux tomates et oignons, ou dans un
mélange de légumes en rondelles : tomates, citrons, pommes de terre
et olives rouges.
Ce tajine de lotte révèle un parfum unique du
Sud-ouest marocain
extraite d’une baie sauvage typique du Sous, l’huile d’argane est
produite traditionnellement par broyage de l’amande du fruit. Les
premiers géographes arabes du XIIIe siècle la décrivaient déjà dans
leurs ouvrages.
Ayant observé que les chèvres montaient dans les
arganiers pour dévorer les fruits, le voyageur Ali-Ibn-Baytar
répandit une méchante légende qui court toujours : il prétendit que
les habitants fabriquaient leur huile avec les noyaux rejetés par
les animaux...
La sauce est additionnée d’olives noires en fin de cuisson. Selon le
classement marocain, ces fruits sont successivement passés par le
stade vert, rouge et violet avant de devenir noires, à l’apogée de
leur maturité physiologique.
Ce sont les petites picholines ou “beldi”
qui sont mises en saumure, et en moindre quantité, les variétés “ascolana
dura”, “ascolona tenera” et “meslala”.
Ingrédients pour 6 convives
1,5 Kg de lotte
250 g d’olives violettes
1 Citron frais
Chermoula
2 Gousses d’ail
2 Citrons frais
50 g de citron confit - encadré ci-dessous
1 Pincée de gingembre en poudre
2 Pincées de paprika
2 g de pistils de safran
1 Botte de persil
1 Botte de coriandre
2 Pincées de cumin
1 Filet d’huile d’argan
Sel & Poivre
Indications de préparation
Dépecer la lotte. Trancher successivement des
2 côtés de la grosse arête centrale, puis dégager les 2 filets.
Les détailler en médaillons.
Pour la chermoula, hacher ail, coriandre,
persil et citron confit.
Dans une casserole, verser l’huile, la moitié de la coriandre,
persil et ail, du sel, du poivre, 1 pincée de paprika et de
cumin, le gingembre et le jus d’1 citron.
Faire suer.
Ajouter le citron confit.
Parfumer la sauce chermoula avec des pistils de safran.
Mélanger et réserver cette première chermoula.
Préparer la chermoula qui servira de marinade : dans un saladier, mélanger bien persil, coriandre et ail hachés restants, 1 pincée de paprika et de cumin, du sel et le jus d’1 citron.
Déposer les médaillons de lotte dedans, et bien les mélanger dans la marinade.
Dans la casserole contenant la première
chermoula, verser les médaillons de lotte enduits de marinade.
Cuire ± 20 min à couvert.
Dans une petite casserole, chauffer de l’eau
additionnée de jus de citron.
Verser les olives à l’intérieur, puis les laisser pocher.
Égoutter, puis les faire revenir un instant dans la chermoula réduite à part.
Servir aussitôt.
Tajine creative à l'infini selon, l'inspiration, la saison, l'occasion, le budget ...
Épices:
gingembre, curry, piment, cannelle, muscade... |
طاجين
- Polysémique, le mot
tajine ou tagine, désigne :
La cuisson se
fait traditionnellement sur un réchaud ou un braséro "kanoune",
en terre cuite également, composé d'une coupe percée
d'évents sur le pourtour, destinée à recevoir le bois pour
les braises. La cuisson se fait également, et ce très
couramment, sur le gaz voire sur une plaque électrique,
parfois en utilisant un diffuseur.
• D'autre part, une
préparation culinaire cuite dans cet ustensile, sorte de
ragoût cuit à l'étouffée, qui peut être composé de viande,
de volaille ou de poisson, de légumes, voire de fruits...
Conseils :
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La cuisine marocaine est souvent
méconnue, voire sous-estimée. Elle se distingue pourtant par
une grande diversité de plats tels que : couscous, tajines,
pastilla , méchoui, pour les plus connus, mais aussi
d'autres plats souvent connus des seuls Marocains, mais tout
aussi succulents : le tajine mrouzia, la tangia merrakchie,
la harira (soupe de rupture du jeûne du ramadan), le baddaz,
la seffa...
L'originalité et la richesse de la cuisine marocaine
tiennent à la multitude d'influences qu'elle a assimilée :
la cuisine arabe, berbère pour le couscous notamment, la
cuisine mauresque pour les ragouts et autres tajines.
On note également une influence des cuisines d'Afrique
subsaharienne, juive et de quelques autres...
Toutes ces influences en ont fait une cuisine riche et
variée, aux gouts très divers.
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L’arganier est un arbre épineux à l’allure proche
de celle de l'olivier. Endémique au sud-ouest atlantique marocain -
l’arbre n’est présent nulle part ailleurs sur la planète -, son
espèce est propriété de l’État et protégée par la loi.
L’arganeraie
compte environ 20 millions d’arbres s’étendant sur 800 000 ha.
Survivant de l’ère tertiaire, l’arganier est probablement exploité
depuis des millénaires.
En 1219, et pour la première fois de son histoire, il est mentionné
par l’Égyptien ''Ibn Al Baytar'', célèbre médecin-voyageur, dans son
''Traité des simples''. Dernier rempart contre la désertification de
la zone aride des contreforts de l’Atlas et de l’Anti-Atlas, cet
arbre rustique semble béni par la nature. En effet, outre son bois
(utilisé comme matériau de charpente) et son fourrage (qui sert
à nourrir les animaux), il produit une amande dont est extraite une
huile vierge aux qualités exceptionnelles. En effet, la noix de
l’arganier renferme une amande oléagineuse (amandon) dont on obtient
par pression et de façon artisanale une huile alimentaire rare et
coûteuse. L’huile vierge d’argan est entièrement fabriquée à la
main. Ramassage des fruits, concassage des noix, torréfaction et
broyage des amandons et malaxage de la pâte dont est extraite
l’huile sont des opérations toujours accomplies par les femmes
berbères qui, depuis des siècles, se transmettent leur savoir-faire
de mère en fille. De nombreuses heures de travail sont nécessaires à
l’élaboration de cette huile subtile et délicate dans les villages
du Sous. Consommée et appréciée depuis des millénaires dans sa
région de
production, cette huile vierge est utilisée comme huile de cuisson
mais surtout crue, en tant qu’huile d’assaisonnement. Jadis
supposées, ses qualités bénéfiques pour la santé ont, depuis
quelques années, fait l’objet de nombreuses études scientifiques,
tant au Maroc qu’en France, en Allemagne ou en Suisse. Sa
composition chimique se révèle extrêmement intéressante. L’huile
d’argan est riche en
acides gras essentiels dont 80 % sont de type insaturé, davantage
encore que l’huile d’olive.
Elle renferme en outre des quantités
appréciables de composants doués d’activité biologique.
Le crocus qui produit le safran, est originaire d’Asie Mineure. Il fut introduit en Europe par les Phocéens, puis à nouveau par les Arabes comme l’atteste son nom ''d’assfar'', devenu ''sahafaran'' puis safran.
Il s’implanta en Espagne et en Avignon, pour gagner le Quercy, le Vaucluse, l’Angoumois, l’Albigeois, le Gâtinais et même les Pays-Bas. Aujourd’hui, en France, les safranières ont pratiquement disparu, alors qu’elles s’étendaient autrefois sur 12 000 ha. Le safran est désormais importé du bassin méditerranéen (celui de la Mancha, en Espagne, est le plus prisé), et d’Amérique du Sud.
Le cumin compte parmi les plus anciennes épices
connues. Le papyrus Elbers (1200 av. J-C.)mentionne très souvent la
présence de cumin comme remède universel, la panacée à l'époque des
Pharaons d'une herbacée de 10 à 50 cm de hauteur.
Entière ou en poudre, la graine de cumin originaire de Haute Égypte,
d'Iran et de Turquie, est l'une des épices les plus utilisées.
Elle facilite la digestion. Il existe aussi une épice moins
répandue, appelée cumin noir (kala jeera), qui n'a, en
fait, aucun rapport avec le cumin...
Une flaveur spécifique, âcre, piquante, chaude et légèrement amère.