Bugnes
lyonnaises
à la levure fraîche
Oui la bugne remue des souvenirs…
Comme les crêpes ou les gaufres, les beignets sont des friandises de
fête.
Par tradition, la bugne est reine le jour de mardi gras,
dernier jour de fête avant le carême. Mais on la mange depuis les
fêtes de fin d’année. Sauf à Lyon où c’est toute l’année…
Le plus ancien des beignets ?
En fait, elles sont apparus à Lyon au XVIe siècle, où elles étaient
vendues par les frituriers ambulants qui vendaient les bugnes, sur
les foires, dans les marchés et les rues, comme aujourd’hui les
beignet, gaufres et chichis le sont dans les foires ou sur les
plages....
À l’époque, il s’agissait de friandises parfumées à l’eau de rose,
sans sucre ni beurre, composée seulement de farine, d’eau, de levure.
Aujourd’hui, avec du beurre, des œufs et du lait elle est devenue
une véritable pâtisserie.
Il existe également des bugnes arlésiennes et des bugnes
bourguignonnes (dont les recettes ne sont guère différentes), mais
la plus connue est bien la lyonnaise.
On
trouve les bugnes dans toute la France pour la simple raison qu’il
restait toujours de la pâte lorsqu'on faisait la brioche. On
n’allait pas la jeter.
Ainsi est née la bugne qui, ailleurs,
prend d’autres noms.
Bottereaux ou tourtisseaux dans l’Ouest ou
encore ganses, oreillettes ou merveilles.
En Provence, c’est le
nouet parce qu’on y fait un trou au centre, comme une boucle.
Le
nouet provençal est épais, soufflé, la bugne lyonnaise est fine,
sèche et croustillante.
C’est une pâte brisée qui se détache en fines lamelles comme du
papier à cigarettes. II faut sucrer à chaud afin que le sucre
coagule légèrement. Ça fait des cristaux qui sont agréables dans la
bouche.
La bugne se croque n’importe quand, mais surtout au dessert avec une
île flottante aux pralines roses par exemple, encore à la manière
lyonnaise. Ou avec un pot de crème, une crème caramel, une mousse au
chocolat...
Ingrédients pour 6 convives
500 g de farine
20 g de levure de boulanger ou ½ paquet de levure chimique
4 Cuillères à soupe de Lait
60 g de sucre
4 Œufs
2 Cuillères à soupe de rhum ou le zeste d’un citron râpé
150 g de beurre
Sucre Glace
Sel
Huile de friture : 2 litres
Indications de préparation
Fondre le beurre sans le laisser chauffer (micro-ondes ou bain-marie).
Mettre le lait à tiédir et délayer la levure en ajoutant une cuillère à café de sucre.
Laisser gonfler la levure.
Casser les 4 œufs, battre en omelette.
La farine en fontaine sur le plan de travail, ajouter le sucre, la levure délayée dans le lait, les œufs battus et 1 grosse pincée de sel.
Pétrir jusqu’à l’obtention d’une pâte homogène. Couvrir d’un linge et laisser lever 12 h.
Chauffer la friture à 175°c.
Aplatir la pâte
sur une épaisseur de 3 mm.
Découper des rectangles de 3 cm sur
6.
Pratiquer une petite incision en long au centre de chaque rectangle et passer une des extrémités dans cette même fente.
Plonger les bugnes dans la friture brûlante,
laisser doubler de volume.
Les retourner pour dorer l’autre
face.
Égoutter sur du papier absorbant. Poudrer de sucre glace.
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Prenez harbe qui se appelle orvale, et la broyer, et deffaicte de aigue clère, et il mecter, et bater avec farine bien buretelée; et il mecter du miel avec, et ung pol de vin blanc, et le batez ensamble tant qu’il soit cleret; puis frissiez en huile par peties cuillerez, comme l’on fait brugnes*, et mecter bien de romany sur chacun frite!; et espreignés vous fritelles entre deux tranchevas pour esgouttez l’uille; puis les mecter en ung bel pout neuf prés du feu, et mecter du succcre, à dressiez sur votre plat. Viandier de Taillevent- 1350 * Dans la région lyonnaise et en Savoie, on appelle “bugne” , les beignets de Carnaval. |
La coutume des beignets trouve son origine
dans les fêtes romaines des calendes de mars. Celles-ci célébraient
le réveil de la nature par des rites agraires. À cette occasion, les
interdits étaient transgressés et les déguisements autorisés.
La première recette d'une pâte à beignet, "l'aliter dulcia", est
donnée par Apicius dans son ouvrage De re coquinaria.
Le terme "beignet" est un mot obscur attesté au
début du XIVème siècle.
Il semble dérivé de "bignet", pâte frite enveloppant quelques
substance alimentaire. Le terme de bugne constitue la forme
provençale du beignet, lequel est enregistré sous sa graphie
actuelle par le dictionnaire de l’académie en 1798. Les mots bugne
et beignet sont contemporains, puisque bugne, au sens de beignet,
est attesté à Lyon au début du XIXe siècle ou bien...
les noms de beigne et beignet désigneraient pour le premier une
bosse suite à un coup (buyne d'origine vraisemblablement préromane),
c'est encore un terme employé de nos jours - on dit aussi une
"bigne" -. Son dérivé, le beignet, serait ainsi dénommé parce qu'il
est enflé, bosselé...
Quoiqu'il en soit, les formes étranges, grotesques des beignets rappellent le carnaval, la fête
après le jeûne...
À l'origine, ce n'étaient que des morceaux de pâte
qu'on faisait tomber dans le bac à friture.
Il revint en force au moment des croisades
grâce aux Sarrasins.
L'histoire nous rappelle que les Croisades furent + qu'une guerre
chrétienne mais une imprégnation culturelle. C'est ainsi que
les Croisés rapportèrent en France cette gourmandise au XIIIe s. On
les déguste les jours de fête, dans un cornet de papier qu'on
achète aux frituriers ambulants. Mais il faudra attendre le XVIIIe s.
pour retrouver le goût du beignet tel qu'on le connaît aujourd'hui
avec l'importation du sucre.
Dans la tradition culinaire, on retrouve de nombreuses recettes de
beignets salés. On préconisait à une certaine époque les abats en
beignet pour accompagner les viandes blanches rôties. Puis vinrent
les fleurs, grappes d'acacia, fleurons de courgette (tradition qui
se perpétue encore en Italie), cymes de sureau dans leur cocon
croustillant.
Sucré, le beignet porte des noms savoureux avec sa personnalité, sa
distinction régionale: bugnes de Lyon, roussette de Strasbourg,
merveille de Gascogne, bottereau de Charente, oreillette de
Provence, etc...