Poisson
cru mariné
et yaourt épicé
Sous ses allures modestes, le yaourt se révèle étonnant, parfois même
intriguant...
On le connait velouté ou brassé, liquide ou ferme, nature ou
aromatisé, mais son potentiel culinaire reste mal exploré.
On pourra aisément réaliser cette recette avec du thon rouge, voire de la dorade.
Les tartares et
autres carpaccio de poisson, exigent une fraîcheur
irréprochable. Pour ce faire, demander au poissonnier de
lever les filets devant vous. Pour les femmes enceintes ou
les personnes âgées, il est prudent de réaliser le plat avec
des surgelés…
Ingrédients pour 4 convives
500 g de dos de cabillaud - sans peau
3 citrons jaunes ou 4 citrons verts
1 oignon frais
1 gousse d'ail
2 tomates
1 yaourt 1/2 - nature brassé
1 cuillère à café de gingembre en poudre
1 cuillère à café de cumin en poudre
1 pincée de sucre
1 cuillère à soupe d'huile d'olive
4 gouttes de Tabasco
Sel & poivre
Indications de préparation
Détailler le cabillaud en petits cubes.
Les placer dans un plat creux et les arroser avec le jus de citron.
Placer au réfrigérateur pendant 3 h en remuant de temps en temps.
Pour le yaourt épicé : plonger les tomates pendant 1 mn dans de l'eau bouillante.
Les peler.
Les couper en deux
et enlever les graines.
Dans le bol d'un mixeur, mettre l'oignon et l'ail pelés, du sel, du poivre, le sucre, les épices, le Tabasco, l'huile d'olive et la moitié de la pulpe de tomate.
Mixer pour lisser le mélange.
Incorporer le yaourt hors du mixeur, mélanger pour lier le tout et rectifier l'assaisonnement.
Égoutter le poisson, l'assaisonner.
Remplir à moitié plusieurs verrines de poisson mariné et terminer par une couche de yaourt épicé.
Agrémenter du reste de pulpe de tomate. Déguster frais.
Il existe paraît-il, au Nord de l'Inde, dans la
ville sainte de Bénarès, une caste privilégiés de laitiers, les ''Yadav''.
Grands, forts, se nourrissant presque exclusivement des produits
qu'ils commercialisent, ces gardiens d'un savoir ancestral portent
l'un des noms du huitième avatar de Vishnu, Krishna. Dans
l'imaginaire indien, le lait et ses dérivés, le yaourt en
particulier, sont des nourritures divines et dotées d'un grand
prestige, car génératrices de santé, de force et de jouvence. De
fait, les ''Yadav'' sont des lutteurs rituels redoutables...
La croyance dans les vertus du lait fermenté est aussi partagée
depuis des temps immémoriaux par tous les peuples de l'Asie
centrale. Dieu lui-même aurait fait porter par un ange à Abraham le
secret du lait fermenté ! Selon la Genèse, c'est à ce breuvage
magique que le patriarche dut sa fécondité et sa longévité... plus
de 175 ans !
Si l'origine du mot lui-même reste mystérieuse, sa présence dans
toute l'aire turco-mongole est attestée depuis fort longtemps. Dès
1071, le dictionnaire arabo-turc de Mahmoud al Kachgari, publié au
Sin-Kiang, en fait une mention écrite.
Le yoghourt suit la progression irrésistible des cavaliers mongols
comme des troupes turques et, présent dans tous les Balkans,
s'immobilise sous les murs de Vienne, jamais conquise. À
Constantinople, des Turcomans offrent en 1432 au voyageur français
Bertrandon de la Broquière ''un grand bol de lait caillé qu'ils
appellent yaourt''.
Le yoghourt s'est sédentarisé. Tout amateur de cuisine turque ou
visiteur de la Turquie sait la place qu'il y occupe. Le yaourt fait
même en 1542 une percée imprévue à la cour de France où le roi
François Ier, souffrant d'une maladie intestinale, éprouve langueur
et neurasthénie... François Ier fit alors mander le médecin juif qui
préparait le précieux breuvage et qui traversa l'Europe à pied,
suivi de son troupeau !
Le roi guérit au bout de quelques semaines,
ce qui provoqua un véritable engouement à la Cour. Les membres de la
Faculté de Médecine se penchèrent également sur le produit
miraculeux. Las, les brebis moururent, frappées par le froid
parisien. Le médecin repartit à Constantinople, emportant avec lui
le secret de sa fabrication...
Le yaourt tombe dans l'oubli pendant plusieurs siècles. En tant que produit laitier, il connaît le même discrédit qui frappe laits et laitages, aliments par excellence des pauvres et des paysans. Il faut attendre la révolution du goût des XVIIIe et XIXe siècles, qui touche d'abord les matières grasses du lait, crème et beurre, pour voir les produits laitiers devenir peu à peu synonymes de santé et de Bien-être.