Œufs au yaourt
et à la moutarde
Des œufs pochés au yaourt, bien.
Des œufs pochés au yaourt et à la moutarde, il fallait oser.
Certains l'on fait, déjà depuis longtemps :
Prenez de l’uille en quoy vous avez pochés vos oeufs, du vin, de l’eaue, et tout boulir en une paelle de fer puis prenez les croustes du pain, et les mettez harler sur le gril, puis en faittes souppes quarrées, et mettez boulir; puis retraiez vostre souppe, et mettez en un plat ressuier et dedans le boullon mettez de la moustarde, et faites boulir. Puis mettez vos souppes par escuelles, et versez vostre boullon dessus. Ménagier de Paris - 1390 |
Mais de là, à ajouter en plus de l'ail et du poivre de Cayenne (piment)....
Le résultat est excellent, à réserver toutefois aux amateurs de sensations fortes.
Dans les verres, de l'eau !
Ingrédients pour 4 convives
8 Œufs
2 Gousses d’ail
400 G de Yaourt
1 Citron
3 Cuillères à café de sauce à la moutarde
2 Cuillères à soupe de feuilles de menthe fraîche
1 Pincée de Cayenne
Sel
Indications de préparation
Dans un mortier, écraser l'ail et les
feuilles de menthe.
Ajouter le yaourt, 1 cuillère à café de jus de citron, la sauce
à la moutarde - vinaigrette fortement "moutardée" - le piment
rouge et le sel, puis mélanger bien l'ensemble jusqu'à obtenir
une sauce homogène. Réserver.
Pocher les œufs : placer sur le feu une casserole large contenant 1 litre d'eau, le jus d'½ citron et ½ cuillère à café de sel.
Dès que ce mélange arrive à ébullition, casser les 8 œufs dans une assiette et les glisser délicatement dans l'eau, un par un.
Au fur et à mesure que les blancs d’œufs prennent - 3 min environ, les pêcher à l'aide d'une écumoire, puis les poser sur un papier absorbant.
Couper un peu les bavures.
Servir les œufs
dans une terrine, après les avoir nappés de la préparation
réservée.
Œufs pochés, généralités
|
Il existe paraît-il, au Nord de l'Inde, dans la
ville sainte de Bénarès, une caste privilégiés de laitiers, les ''Yadav''.
Grands, forts, se nourrissant presque exclusivement des produits
qu'ils commercialisent, ces gardiens d'un savoir ancestral portent
l'un des noms du huitième avatar de Vishnu, Krishna. Dans
l'imaginaire indien, le lait et ses dérivés, le yaourt en
particulier, sont des nourritures divines et dotées d'un grand
prestige, car génératrices de santé, de force et de jouvence. De
fait, les ''Yadav'' sont des lutteurs rituels redoutables...
La croyance dans les vertus du lait fermenté est aussi partagée
depuis des temps immémoriaux par tous les peuples de l'Asie
centrale. Dieu lui-même aurait fait porter par un ange à Abraham le
secret du lait fermenté ! Selon la Genèse, c'est à ce breuvage
magique que le patriarche dut sa fécondité et sa longévité... plus
de 175 ans !
Si l'origine du mot lui-même reste mystérieuse, sa présence dans
toute l'aire turco-mongole est attestée depuis fort longtemps. Dès
1071, le dictionnaire arabo-turc de Mahmoud al Kachgari, publié au
Sin-Kiang, en fait une mention écrite.
Le yoghourt suit la progression irrésistible des cavaliers mongols
comme des troupes turques et, présent dans tous les Balkans,
s'immobilise sous les murs de Vienne, jamais conquise. À
Constantinople, des Turcomans offrent en 1432 au voyageur français
Bertrandon de la Broquière ''un grand bol de lait caillé qu'ils
appellent yaourt''.
Le yoghourt s'est sédentarisé. Tout amateur de cuisine turque ou
visiteur de la Turquie sait la place qu'il y occupe. Le yaourt fait
même en 1542 une percée imprévue à la cour de France où le roi
François Ier, souffrant d'une maladie intestinale, éprouve langueur
et neurasthénie... François Ier fit alors mander le médecin juif qui
préparait le précieux breuvage et qui traversa l'Europe à pied,
suivi de son troupeau ! Le roi guérit au bout de quelques semaines,
ce qui provoqua un véritable engouement à la Cour. Les membres de la
Faculté de Médecine se penchèrent également sur le produit
miraculeux. Las, les brebis moururent, frappées par le froid
parisien. Le médecin repartit à Constantinople, emportant avec lui
le secret de sa fabrication...
Le yaourt tombe dans l'oubli pendant plusieurs siècles. En tant que produit laitier, il connaît le même discrédit qui frappe laits et laitages, aliments par excellence des pauvres et des paysans. Il faut attendre la révolution du goût des XVIIIe et XIXe siècles, qui touche d'abord les matières grasses du lait, crème et beurre, pour voir les produits laitiers devenir peu à peu synonymes de santé et de bien-être.