La confiture
La confiture est une confiserie obtenue, de façon générale, en faisant cuire dans une bassine certains fruits, éventuellement dénoyautés et coupés en morceaux, avec un poids équivalent de sucre. C'est une technique de conservation alimentaire pour les fruits les plus fragiles.
RÉSUMÉ
- Une texture idéale grâce aux
gélifiants - Pour les couvercles, il est conseillé d'opter pour des couvercles à vis: ils comportent un joint qui se dilate sous l'effet de la chaleur, bloquant ainsi toute entrée d'air. |
Histoire
Comme le sucre, les confitures ont été introduites tardivement en
Europe par l'intermédiaire du monde arabe via les croisés.
Au Moyen Âge,
l'appellation "confitures" désigne toutes les confiseries
réalisées à partir d'aliments cuits dans du sucre ou du miel :
bonbons, fruit confits, etc.
Originaire de la
pharmacopée mésopotamienne, la confiture est alors utilisée
exclusivement comme
traitement. Différentes recettes trouveront cependant rapidement leur
place dans le "boutehors"... dernier service des banquets médiévaux.
Longtemps considérées comme produit de luxe, les confitures se
banalisent début XIXe, grâce à l'arrivée massive du sucre de
betterave.
Aujourd'hui, elles sont considérées comme une gourmandise à l'intérêt nutritionnel assez faible : elles contiennent beaucoup de glucides et un peu de fibres. La plupart des vitamines sont éliminées durant la cuisson.
Techniques de fabrication
Les fruits sont mis dans une marmite, une bassine à confiture ou une
boule de concentration, et bouillis avec l'équivalent de leur poids
en sucre (ou équivalent en pouvoir sucrant en fructose) jusqu'à ce
que le mélange s'épaississe.
La confiture est versée, encore
bouillante, dans des pots à fermer avec un couvercle.
La bassine à confiture est traditionnellement en cuivre pour assurer
une meilleure prise de la confiture1 et de forme légèrement évasée
pour faciliter l'évaporation de l'eau contenue dans les fruits.
La
bassine en cuivre assure une meilleure gélification car les
molécules de pectines forment des liaisons ioniques avec l'ion
calcium (Ca2+) pour s'assembler.
Or le cuivre libère du Cu2+ lors de la cuisson, les pectines vont se
fixer, via ses ions, et assureront une meilleure prise.
En refroidissant, la confiture se solidifie sous l'action gélifiante
de la pectine des fruits.
Il peut être nécessaire d'en ajouter
lorsque l'on utilise uniquement des fruits pauvres en pectine comme
les cerises, les framboises, les poires ou la rhubarbe par exemple.
Lorsque l'on utilise des fruits doux comme le coing, le kiwi, la pêche, ou la poire, il est également possible d'ajouter un acidifiant (généralement du jus de citron) afin d'empêcher la formation de cristaux de sucre.
Conservation
Les confitures étaient, dans le passé, le moyen privilégié pour
conserver les fruits les plus fragiles (par ex. : les fraises,
les abricots, les mûres) après la récolte.
C'est le sucre qui permet
à la confiture de se conserver : il attire par osmose l'eau vers
l'extérieur des germes, ce qui les dessèche.
Si la quantité de sucre
n'est pas suffisante pour assurer cette conservation à température
ambiante, on obtient une compote.
On utilise généralement du sucre
blanc cristallisé car le sucre non raffiné peut contenir des
impuretés qui risquent d'altérer la conservation.
Lorsqu'on fait des confitures artisanales, il arrive parfois qu'un
dépôt de moisissures se forme à la surface du bocal, généralement de
l'espèce Aspergillus glaucus.
Il faut que les fruits soient
bien cuits et que les bocaux soient impeccables pour assurer une
conservation optimale.
Ces précautions sont le plus souvent
suffisantes pour garantir une conservation de quelques mois.
Pour réduire encore les risques et augmenter les chances de plus longue conservation, on peut aussi :
Verser de la paraffine fondue ou quelques gouttes d'eau-de-vie sur les confitures tiédies.
Déconseillé
: Retourner les pots après les avoir remplis de confiture très
chaude, censée colmater des micro-fuites éventuelles du joint de
couvercle.
Après refroidissement, remettre les pots à l'endroit;
on vérifiera l'aspect concave du couvercle, preuve de son
étanchéité.
Prévoir alors une bonne poigne lors de l'ouverture.
Se méfier des risques de brûlures dans l'éventualité ou le
couvercle serait mal fermé...
Types de confitures
Confitures
Les confitures proprement dites désignent des préparations où la
pulpe des fruits est uniformément distribuée dans un sirop épais.
On
peut faire de la confiture à partir de tous les fruits : abricot,
châtaigne, fraise, framboise, orange, melon, mûre, myrtille, sureau,
prune, rhubarbe,…
Elles doivent
légalement contenir au moins 60
% de sucres une fois la cuisson effectuée et 35 g de fruits minimum
pour 100 g de produit mis en œuvre (dans la bassine avant cuisson).
Les confitures allégées doivent contenir 42 % à 45 % de sucres après
cuisson et 50 g de fruits minimum mis avant cuisson.
Certaines confitures "haut de gamme" peuvent contenir +
de fruit que le minimum imposé par la règlementation.
Au-delà
de 65 % de fruits, la qualité n'est pas améliorée car les quantités
d'eau à évaporer apportées par les fruits sont trop importantes.
Gelées
Une gelée est une confiture où n'est pas conservée la pulpe des
fruits.
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Un moulin à légume, un mixeur, voire un robot
ménager est nécessaire pour la réalisation de gelée. |
Le jus des fruits, habituellement extrait après une première
cuisson, peut être cuit avec du sucre pour former une gelée. Elle
doit contenir au moins 35 % de fruits.
Si la préparation obtenue est
liquide on parle alors de sirop...
On trouve des gelées de groseille, de cassis, de coing, de pomme…
Marmelades
Une marmelade était à l'origine une confiture de coing (marmelo en
portugais). Aujourd'hui, le terme désigne plutôt une confiture à
base d'agrumes ou alors une préparation très épaisse dans laquelle
les morceaux de fruits ne sont pas totalement pris en gelée. Une
marmelade doit contenir au minimum 20 % de fruits.
Marmelade d'ananas, marmelade de citron vert, à l'orange,…
Si le terme est régulièrement associé à tous types de fruits, une
directive française datant de 1979 dispose que le terme "marmelade"
ne peut s'appliquer qu'à des produits élaborés à partir d'agrumes.
Les chutneys sont des
préparations de fruits aigres-douces qui servent de condiments dans
la cuisine indienne.
Astuces et remarques
La réussite de la confiture repose sur une
bonne hygiène, un temps de cuisson qui ne doit
être ni trop long ni trop faible et sur l'équilibre entre le
sucre, les fruits, la pectine et l'acidité.
Il est nécessaire d'utiliser du matériel rigoureusement propre
en particulier les pots et leurs couvercles, afin d'éviter le
développement de microorganismes qui nuiraient à une bonne
conservation de la confiture.
Il convient d’employer un récipient à large ouverture afin de
faciliter l'évaporation de l'eau contenue dans les fruits au
cours de la cuisson.
Le cuivre a toujours été
considéré comme le matériau idéal pour la cuisson des
confitures. Il garanti à la cuisson une parfaite répartition de
la chaleur et favorise la prise des confitures en provocant la
liaison des molécules de pectines entre elles.
Toutefois, la toxicité du cuivre invite à s'en méfier.
Il
pourrait être remplacé par un autre ion divalent, tel le
calcium, en ajoutant à la préparation du carbonate de calcium
(craie) ou mieux du citrate de calcium qui permettrait de
bénéficier de l’effet acidifiant du citrate et de l’effet
raffermissant du calcium. L'on peut alors utiliser l'inox sans
problème...
Le cuivre modifie également la couleur des fruits rouges : les
anthocyanes, molécules responsables de la couleur de nombreux
fruits (essentiellement les fruits rouges), se complexent avec
les ions métalliques ce qui change l’absorption de la lumière et
par conséquent leur couleur.
Il conviendra d'utiliser des
bassines en cuivre étamées bien propres afin d'éviter
l'altération de la couleur des fruits rouges par le cuivre ou
certains sels d'étain oxydé.
Le sucre cristallisé,
traditionnellement utilisé car c'est le moins cher et le plus
courant, est réservé aux fruits qui ont suffisamment de pectine
et d'acidité.
Le sucre en poudre, plus fin que le sucre
cristallisé, se dissout plus rapidement à la cuisson.
Le sucre
en morceaux est facile à doser (1 morceau n° 3 = 7g, 1
morceau n° 4 = 5g).
Le sucre pour confitures est du sucre
cristallisé additionné de pectine et d'acide citrique.
La pectine a pour rôle de
faciliter la prise des confitures, l'acide citrique de favoriser
la gélification des pectines et d'assurer une meilleure
conservation.
Il est idéal pour faire des confitures avec des
fruits pauvres en pectine ou peu acides.
Pour un résultat optimal, on choisira des fruits mûrs et
fraîchement récoltés, les fruits trop mûrs ou légèrement abîmés,
mais aussi les fruits encore verts sont à éviter.
Au cours de la
maturation des abricots, les pectines se transforment : elles
passent du stade de fibres fermes liées aux parois cellulaires à
l’état de pectines solubles et tendres, d’où le changement de
consistance du fruit.
Si l’on utilise des abricots
insuffisamment mûrs, le taux de pectines ne sera pas suffisant
et la confiture aura du mal à prendre.
Si les fruits sont trop
mûrs, l’acidité risque d’être trop faible pour que la pectine se
gélifie. On devra donc ajouter 1 jus de citron au mélange
abricots et sucre.
Le temps de cuisson varie
avec la teneur en eau des fruits, la source de chaleur et le
degré de maturité des fruits et l'âge de la cuisinière...
On reconnaît que la cuisson est
suffisante lorsqu’en relevant verticalement la cuillère ou
l’écumoire plongée dans la confiture, les gouttes se rassemblent
et glissent lentement en formant ce que l’on appelle "la nappe"
ou lorsqu’en versant 1 goutte de confiture sur une assiette
très froide, celle-ci ne s’étale pas mais reste bombée et se fige
rapidement.
Le choix des fruits variera au fil des
saisons depuis la cerise jusqu’aux agrumes.
Oser, sans oublier que le goût d’une confiture se rehausse au détour d’un
mélange:
fraise et rhubarbe - abricot, pêche et melon - poire et
châtaignes ou pomme - quetsche et sureau.
Épices et herbes
aromatiques viennent souligner les saveurs des fruits :
fraise
et poivre noir - poire et cannelle - quetsche et badiane - voire
même fraise et menthe - abricot et romarin - ou pêche et lavande.
Sous l'action de la chaleur, l'acidité
naturelle des fruits transforme lentement une partie du sucre
ajouté (saccharose) en glucose qui empêche la confiture de
prendre.
Seule une cuisson prolongée permettrait alors d'obtenir
la consistance désirée mais au détriment du goût et de l’arôme.
Dans le cas de fruits acides, une solution consiste à cuire
préalablement le sucre avec un jus de citron
puis à ajouter les fruits.
Dans les confitures de fruits doux
qui ne sont donc pas assez d'acide (poire, raisin, mirabelle, …)
un jus de citron, ajouté en fin de cuisson, contribue à la prise
des confitures en favorisant l’association des pectines.
De surcroît, un jus de citron ajouté en début de cuisson
préserve la couleur des fruits en raison de l’acide ascorbique
(vitamine C, code E300.) qu’il contient et qui bloque diverses
réactions enzymatiques dont des réactions d’oxydation.
L'agar-agar - mot d'origine indonésienne-malaise,
est plus connu sous la réf. E406 de la liste des additifs
alimentaires. Produit gélifiant obtenu à partir d'algues rouges,
l'agar-agar purifié, débarrassé de tous ses éléments minéraux
s'appelle l'agarose. Le mucilage extrait à chaud de ces algues donne
après purification, déshydratation et broyage la poudre d'agar-agar
utilisée, entres autres, pour gélifier un grand nombre de produits
alimentaires.
Cette substance s'utilise en très petites quantités. Sans
pratiquement ni goût ni couleur, c'est un liant et gélifiant végétal
parfait pour remplacer la gélatine animale.
Il existe une multitude de recettes dans lesquelles l'agar-agar peut
être utilisée, telles que : confitures, gelées de fruits, flans…
La gelée se forme à condition d'être chauffée à 90°c, mais ne
"prend" qu'à une température de ± 40°c.
L'agar-agar permet donc de servir des mousses chaudes.
Dosages : Pour 50cl de préparation liquide à gélifier, il faut peser
2 g d'agar-agar (en poudre, cela correspond à 1 cuillère à café
rase). Chauffer le liquide avec l'agar-agar puis le porter à
ébullition pendant 30 s. La cuisson effectuée, verser le liquide
dans un récipient, puis laisser refroidir.
Pour la confiture : 1 kg de fruits, 500 g de sucre, 2 g d'agar-agar.
Pour les pâtes de fruits : 3 g d'agar agar, 100 g de sucre, 100 g de
purée de fruits, 2 cs de jus de citron.